Lioresal® (Baclofène)

Le baclofène, à l’origine commercialisé sous le nom de Liorésal, est un dérivé l’acide gamma-aminobutyrique (GABA). C’est un myorelaxant à point d’impact médullaire agoniste du récepteur GABAB inhibant les réflexes mono- et polysynaptiques au travers de la moelle épinière dont l’effet se concentre sur la relaxation des muscles squelettiques. En France, Il est proposé en recommandation temporaire d’utilisation (RTU) dans l’alcoolodépendance.

Son efficacité est en cours d’évaluation.

Mécanisme d’action

Le baclofène agit en activant les récepteurs GABAB, comme la drogue GHB qui active aussi ce récepteur et partage certains de ses effets. Cependant, le baclofène n’a pas d’affinité significative avec le GHB et on ne connait pas de situations de dépendance. Le baclofène a été testé depuis plusieurs années à de petites doses avec, comme résultat prometteur mais contesté, une réduction de l’envie de boire. Le Docteur Olivier Ameisen teste sur lui-même de fortes doses et publie sa propre expérience et sa découverte en 2004. Il appelle à des essais cliniques concernant les fortes doses . Mais puisqu’aucun ne se prépare, il publie en 2008 un livre à destination du grand public, Le dernier verre. Les malades ayant suivi le protocole décrit dans le livre du docteur Ameisen décrivent, dans leurs témoignages, une notion inédite en alcoologie, celle « d’indifférence à l’alcool » .

Deux essais cliniques contrôlés doivent fournir les données nécessaires sur le profil d’efficacité et de sécurité du baclofène dans la prise en charge de l’alcoolo-dépendance. Le premier essai (Bacloville, étude randomisé versus placebo en double insu), démarré en mai 2012, devrait fournir des résultats prochainement. La durée minimale de cet essai mené en ville sur 320 patients (pas forcément alcool-dépendant mais consommateurs d’alcool à haut risque) était fixée à dix-huit mois. Le second essai (Alpadir, étude menée versus placebo) a été autorisé en octobre 2012 chez des patients (316) dont le traitement est initié à l’hôpital. La moitié des patients inclus dans cet essai reçoivent du baclofène avec une posologie cible maximum de 180 mg par jour.

Le 14 mars 2014, l’ANSM accorde une recommandation temporaire d’utilisation (RTU) pour le Baclofène dans le traitement de l’alcoolisme. Le traitement peut-être proposé après échec des autres traitements disponibles dans deux indications :

  • aide au maintien de l’abstinence après sevrage chez les patients dépendants à l’alcool ;
  • réduction majeure de la consommation d’alcool.

La posologie quotidienne devra être débutée à 15 mg par jour, puis augmentée progressivement de 5 à 10 mg tous les 2 ou 3 jours jusqu’à obtention de l’effet attendu (réduction voire abandon de la prise d’alcool). Pour toute posologie supérieure à 120 mg par jour, un deuxième avis d’un médecin expérimenté dans le traitement de l’addiction alcoolique doit être sollicité : psychiatre, addictologue… Pour toute posologie supérieure à 180 mg par jour, un avis devra être pris auprès d’un centre de soins d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) ou d’un service hospitalier spécialisé. La RTU fixe à 300 mg la dose maximale journalière.

Une fois l’objectif atteint, la prise de Baclofène sera réduite progressivement, jusqu’au seuil optimal d’efficacité (réduction de la consommation d’alcool ou abstinence avec le minimum de dosage). En l’absence de réponse clinique chez le patient, le traitement sera progressivement abandonné. Même après de nombreuses années d’usage continu, on n’a pas constaté de phénomène de tolérance (augmentation des doses pour obtenir le même effet).

Pharmacocinétique

Le baclofène est rapidement absorbé et largement distribué dans tout l’organisme. L’essentiel (85 %) du principe actif est évacué sans transformation, essentiellement dans les urines. Plus lipophile que le GABA, le baclofène franchit, faiblement, la barrière hémato-méningée. La molécule passe dans le lait. La demi-vie est comprise entre 3 et 4 heures. Le pic sérique est atteint entre 30 minutes et 1 h 30. Environ 30 % est liée aux protéines plasmatiques. La dose est éliminée à 85 % sous forme intacte et 15 % est métabolisée. Lors de la prise par voie orale d’une dose de 40 mg, la dose est excrétée à 80 % en 24 h, principalement par voie rénale et sous forme non métabolisée. Une faible proportion est éliminée par voie fécale.

 Effets secondaires et toxicité

La plupart des effets secondaires observés le sont en début de traitement. Ils disparaissent généralement lorsque le dosage est stabilisé depuis plusieurs jours.

Fréquemment : sédation, somnolence, faiblesse et/ou douleurs musculaire, nausées.

Parfois : sécheresse de la bouche, baisse de tension artérielle, vertiges, problèmes respiratoires, diarrhée, maux de tête, insomnies, confusion mentale, spasmophilie.

Rarement : sentiment de bien-être ou — au contraire — état dépressif, manque d’équilibre, tremblements, troubles de la vue, hallucination et cauchemars.

Il est dangereux d’interrompre subitement un traitement au baclofène. Les cas les plus sévères consistent dans des états confuso-oniriques. La diminution progressive des doses se fera exclusivement sous la supervision d’un médecin.

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